by dips
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Voici le projet :
L’œuvre qui sera visible durant le vernissage sera le résultat d’un ensemble de facteurs qui s’entremêlent, qui se sont liés et déliés avec le temps pour aboutir à une forme finale. Elle sera l’aboutissement d’une idée qui a émergé durant la période estival de l’année 2017 et d’un travail qui a débuté en janvier 2018.
Durant trois années (2015-2017), je n’ai cessé d’affiné mon univers et de faire découvrir au monde ce qu’est la diplopsychophysiologie. De partir de gestes instinctifs en coupant des morceaux de toiles sans réflexion, d’étaler de la couleur au hasard en variant les quantités d’eau, de laisser sécher le tout et finalement de travailler le support en accentuant les traits, en renforçant les profondeurs, en maîtrisant la technique du fine arts par des représentations réalistes et d’accentuer la réflexion par des formes symboliques et géométriques qui communiquent entre elles. Je pars de l’instinct pour aboutir à la réflexion en tentant de tisser un pont entre les deux. Je recherche la vérité de l’inconscient en lui faisant confiance.
Mon travail m’a poussé à maîtriser une technique de peinture très fine, presque cellulaire. J’ai passé plus de 6 mois sur un tableau avec un pinceau à trois cils. Trois années à m’acharner sur le détail et l’équilibre sur des formats souvent petits. Mon œil s’est habitué à observer l’infime, les stries de la peau et les nervures des arbres, même ma réflexion sur des situations de vie m’a obligé à m’attarder sur des éléments sensibles dans le souci de ne rien négliger. Un événement n’est que la conséquence des toutes les composantes qui le crée en relation constante avec l’espace et le temps qui les modifient. Le souci du détail et le cumul de réflexions me poussent vers une voie nouvelle, j’ai la nécessité de sortir du format de la toile pour entrer dans une démarche créative bien plus importante. J’ai besoin de grandeur, besoin d’espace, une envie profonde de pouvoir me promener dans mon univers.
L’idée met venue au travers d’un rêve ou d’un cauchemar, en modifiant les notions d’échelle j’eus la capacité d’agrandir ma vision de la vie, le fruit de mes toiles. Les composantes d’une situation seraient composées de composantes encore plus petites et mes interprétations seraient différentes, bien plus détaillées mais en perdant peut-être la forme global et finalement l’essentielle à l’échelle humaine. Ma démarche artistique est scientifique, sociale ou peut-être psychologique, mais elles tentent de valoriser le rapport que l’on se donne aux notions de grandeurs, soit dans l’observation, soit dans la réinterprétation d’un événement de vie.
Entrer dans la toile comme à travers une porte pour se fondre dans l’espace et réinterpréter le tout à sa guise selon le point de vue d’observation, la vitesse de déplacement et le contact avec l’œuvre ou autrui. L’œuvre doit être grande, à même le sol, au plafond et sur les côtés. Il faut donner la possibilité à l’être humain de pouvoir la toucher, d’interagir physiquement avec elle, de créer un lien dynamique qui modifie le comportement du spectateur en devenant acteur, qu’elle-même se transforme et demeure vivante laissant derrière elle le sentiment d’un état figé.
Le projet que j’entreprends sera d’une grande envergure. La salle sera séparée en deux parties. D’un côté, nous aurons un lieu qui ressemblera à une exposition traditionnelle, très feutrée avec des murs blancs et des accroches de toiles encadrées. De l’autre côté, nous pourrons apercevoir toutes les façades (le sol et les murs transversaux) recouvertes d’énormes plaques de bois peintes au préalable par mes soins et représentant mon univers à plus grande échelle.
Le but de ce projet est d’obtenir un équilibre entre les deux parties qui seront ouvertes l’une par rapport à l’autre et d’avoir le sentiment de pouvoir entrer physiquement dans mes toiles en se déplaçant à sa guise dans l’espace.
Les visiteurs auront également une influence durant la durée de l’exposition, car ils pourront se procurer une partie à choix de la surface placardée en bois et ainsi modifier l’ambiance du lieu. Par la vente de cm2 en bois, un acheteur qui devient acteur choisi un ou plusieurs éléments qu’il souhaite reprendre avec lui et modifier ainsi l’espace en créant des surfaces blanches dans la partie placardée. Ces surfaces ne seront bien sûr pas attribuées pendant les jours d’ouverture de l’exposition en cours mais durant une soirée de type happening. Je ne vais pas m’étaler davantage sur la manière de procéder puisqu’il convient que la discrétion soient le meilleur moyen de surprendre les gens.
L’équilibre sera ainsi modifié après le processus du happening et l’exposition devient en soi une performance durant toute sa durée.
Le projet tel que je vous l’ai soumis est dans sa première phase de création et avance comme souhaité. L’image de ci-dessus présente un de mes assistants (Cyril Mettler dans l’atelier de la diplopsychophys pour le projet ARTsenal 2019) qui peint une partie des 150 m2 à disposition.